La shigellose, maladie diarrhéique très contagieuse, devient de plus en plus résistantes aux antibiotiques
La shigellose est une maladie diarrhéique hautement transmissible qui se propage par voie oro-fécale. Shigella sonnei est le type de shigella le plus communément trouvé dans les pays industrialisés et en voie de développement. Les infections peuvent causer une diarrhée de courte durée qui peut se résoudre spontanément après 3 à 4 jours. Cependant, un traitement antibiotique est recommandé pour les cas modérés à graves, notamment ceux qui présentent une diarrhée sanglante ou à risque de complications, ou pour arrêter la transmission de la maladie dans des contextes épidémiques. Néanmoins, la bactérie peut développer des mécanismes de résistance aux antibiotiques, ce qui limite les options thérapeutiques.
Augmentation de la fréquence des souches XDR et nécessité d’une surveillance étroite
Des scientifiques du Centre national de référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella (CNR-ESS) de l’Institut Pasteur ont mené une étude montrant une augmentation de la résistance aux antibiotiques chez les souches de S. sonnei isolées en France au cours des 17 dernières années. L’étude a porté sur plus de 7 000 souches de S. sonnei et s’est intéressée à des informations épidémiologiques recueillies dans le cadre de la surveillance nationale des shigelloses par le CNR-ESS entre 2005 et 2021. Cette surveillance implique l’analyse de toutes les souches bactériennes adressées par le réseau de laboratoires partenaires du CNR-ESS répartis sur tout le territoire français. Les chercheurs ont constaté qu’en 2015, des souches hautement résistantes aux antibiotiques (ou XDR pour extensively drug-resistant) ont été identifiées pour la première fois. Depuis lors, la proportion de ces souches XDR a augmenté de manière significative, atteignant un pic en 2021 où 22,3 % de toutes les souches de S. sonnei étaient hautement résistantes aux antibiotiques recommandés pour le traitement de la shigellose.
Une analyse par séquençage génomique a montré que ces souches XDR appartenaient à une même lignée évolutive, devenue résistante à un antibiotique clé en Asie du Sud en 2007, avant d’acquérir dans plusieurs régions géographiques du monde différents plasmides codant pour la résistance à d’autres antibiotiques. Les seuls antibiotiques restant efficaces pour les cas sévères sont les carbapénèmes ou la colistine, administrés par voie intraveineuse, rendant le traitement plus agressif avec un suivi plus complexe en milieu hospitalier.
Ces résultats soulignent la nécessité de surveiller étroitement l’évolution de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes et de développer de nouvelles stratégies pour lutter contre la propagation de la shigellose.