La douleur est une expérience complexe, à la fois sensorielle et émotionnelle, qui peut être associée ou non à une lésion tissulaire. Elle est intrinsèquement personnelle et subjective, variant d’une personne à l’autre en termes de ressenti et d’intensité, selon l’International Association for the Study of Pain.
Lorsqu’on évoque le cancer du sein, les douleurs qui y sont associées peuvent avoir diverses origines et se manifester à différentes étapes de la prise en charge de la maladie. Environ 60 % des patientes atteintes de cancer du sein connaissent des douleurs liées soit à leur tumeur, soit aux traitements, à un moment donné de leur parcours de soins.
Il est important de noter que, dans les stades précoces de la maladie, la tumeur elle-même est généralement indolore. Cependant, au fil du traitement, diverses sources de douleur peuvent émerger, dont certaines sont décrites ci-dessous :
Douleurs post-traitements
La chirurgie, notamment lors de tumorectomies ou mastectomies, peut entraîner des douleurs en raison de l’incision de la peau, qui sectionne parfois des ramifications nerveuses. De plus, l’ablation du ganglion sentinelle de l’aisselle ou un curage axillaire peut endommager les nerfs locaux, donnant lieu à des douleurs, soit immédiatement après l’intervention, soit quelques semaines plus tard. Dans certains cas, le curage axillaire peut entraîner un lymphœdème, caractérisé par une accumulation de lymphe, souvent accompagné de douleurs.
Les traitements de chimiothérapie, bien qu’essentiels pour détruire les cellules cancéreuses, peuvent également affecter des cellules saines. Cela se traduit par des irritations douloureuses, comme des aphtes dans la bouche ou des épisodes de diarrhée. De plus, les atteintes nerveuses, qualifiées de douleurs neuropathiques, se manifestent par des fourmillements ou des engourdissements des extrémités.
La radiothérapie, utilisant des rayons pour cibler les cellules cancéreuses, peut provoquer des réactions cutanées similaires à un coup de soleil, se traduisant par des douleurs, une rougeur et une sensation de brûlure.
Les traitements anti-hormonaux, bien que nécessaires pour bloquer la croissance des cellules cancéreuses, peuvent entraîner des douleurs articulaires et musculaires, notamment au niveau des cartilages et des os.
Évaluation de la douleur
Pour évaluer l’intensité de la douleur, différentes échelles sont utilisées, comme l’échelle numérique, qui varie de 0 (absence de douleur) à 10 (douleur insupportable). Il est fondamental de communiquer avec le personnel médical pour signaler toute douleur, car cela permet de garantir un traitement adapté.
Douleurs aiguës et chroniques
Les douleurs aiguës résultant des traitements du cancer du sein doivent être prises en charge dès leur apparition afin d’éviter qu’elles ne deviennent chroniques. Lorsque la douleur persiste pendant plus de six mois, elle est considérée comme chronique et peut avoir des répercussions significatives sur la qualité de vie des patientes. Elle peut entraîner des perturbations du sommeil, des limitations dans les activités quotidiennes, des conséquences psychologiques et physiques, comme de l’anxiété et de la dépression.
Prise en charge des douleurs chroniques
La gestion des douleurs chroniques doit être une priorité dans le traitement global du cancer du sein. Les patientes disposent aujourd’hui d’une variété d’options thérapeutiques, en plus des traitements conventionnels. Cela inclut des approches non médicamenteuses, telles que la physiothérapie et l’activité physique, ainsi que des pratiques de l’oncologie intégrative qui incorporent des thérapies complémentaires, des approches “corps-esprit” et des modifications du style de vie pour améliorer la qualité de vie malgré la douleur chronique.