Une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé, publiée le 4 avril dernier, révèle que l’infertilité affecte une personne sur six dans le monde soulignant la nécessité d’élargir l’accès aux soins de fertilité et de prendre en compte cette question dans les politiques de santé. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a qualifié l’infertilité de “problème majeur de santé dans tous les pays du monde”. Cette condition affecte environ 17,5 % de la population adulte, quels que soient le pays, le niveau de richesse ou l’hémisphère géographique. L’infertilité est définie comme l’incapacité à concevoir après au moins douze mois de rapports sexuels réguliers, complets et sans contraception.
Elle peut être causée par de nombreux facteurs, tant chez les hommes que chez les femmes. Selon l’Inserm, dans 75 % des cas, l’infertilité est due à une cause masculine, féminine ou mixte. Cependant, dans 25 % des cas, aucun défaut spécifique ne peut être attribué à l’un des deux sexes. Les causes possibles de l’infertilité incluent des problèmes hormonaux, des malformations, un mauvais fonctionnement des organes génitaux et des perturbateurs environnementaux.
Causes de l’infertilité féminine
Le professeur Michael Grynberg, chef de service de médecine de la reproduction à Antoine-Béclère (Hauts-de-Seine), explique que chez les femmes, l’âge avancé de procréation est la première cause d’infertilité. À partir de l’âge de 30 ans, le nombre et la qualité des ovocytes diminuent, entraînant une baisse nette de la fertilité, qui est aggravée après 37 ans. Malheureusement, au cours des 60 dernières années, l’âge moyen de la première grossesse a augmenté de façon significative. En 1965, les femmes avaient leur premier bébé à l’âge moyen de 24 ans, alors qu’en 1991, elles avaient 29 ans et 31 ans aujourd’hui, selon les dernières données de l’Insee.
Les causes biologiques viennent ensuite. Dans 20 % des cas, les femmes souffrent d’un problème d’ovulation, comme l’absence, l’insuffisance ou l’altération de la qualité des ovocytes, un dérèglement hormonal ou une anomalie chromosomique. Le syndrome des ovaires polykystiques est également courant chez les femmes, affectant de nombreuses femmes en raison d’une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, l’hormone masculine. Cette maladie hormonale, abrégée par les lettres SOPK, est responsable de la moitié des cas d’infertilité chez les femmes, selon les données de l’Inserm.
Les problèmes mécaniques de l’appareil génital représentent la dernière cause principale d’infertilité chez les femmes. Les trompes de Fallope peuvent être obstruées, empêchant le transfert de l’ovule fécondé vers l’utérus. Il peut également y avoir des problèmes avec l’utérus lui-même, qui peut être bouché, malformé ou absent. L’endomètre, le tissu qui tapisse l’utérus, peut également présenter des défauts. Dans le cas de l’endométriose, des fragments de tissu endométrial se sont fixés sur d’autres organes, ce qui rend impossible toute grossesse.
Causes de l’infertilité masculine
Il existe deux principales causes connues de l’infertilité masculine qui affectent les spermatozoïdes : l’oligospermie, qui se caractérise par une diminution du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes, et l’oligo-asthéno-tératospermie (OATS), qui affecte davantage la forme des spermatozoïdes.
Infertilité : à qui la faute ?
Bien qu’il y ait encore peu de données précises sur les causes, les scientifiques s’accordent sur le fait que notre mode de vie y est pour beaucoup. Les perturbateurs endocriniens, les pesticides, le stress, le tabac et la consommation de drogues, ainsi que le surpoids et l’obésité sont tous des facteurs qui peuvent contribuer à l’infertilité masculine et féminine. Par exemple, chez les femmes, le surpoids augmente de 27 % le risque d’infertilité, tandis que l’obésité augmente ce risque de 78 %.
Il est possible d’y remédier
Il est important de noter que l’infertilité n’est pas une fatalité. Les scientifiques travaillent à trouver des solutions pour aider les couples à augmenter leur fertilité. En cas de problèmes d’ovulation, un traitement d’induction ovarienne peut être proposé. Les médicaments tels que le citrate de clomifène peuvent stimuler l’ovulation. Cependant, il est important de noter que la stimulation ovarienne peut augmenter les risques de grossesses multiples et de prématurité. Il est donc crucial de consulter un médecin spécialisé pour déterminer le traitement le plus approprié et les risques associés
Dans certains cas, les gynécologues peuvent proposer une intervention chirurgicale pour traiter les causes d’infertilité telles qu’une trompe bouchée, un tissu de l’endomètre ailleurs que dans l’utérus, une veine dilatée dans un testicule ou un fibrome utérin. Cependant, il n’y a pas de garantie de succès immédiat.
Si les traitements médicaux et chirurgicaux échouent, il est possible de recourir à des techniques de procréation assistée telles que le don d’ovocytes, le don de sperme ou la FIV (fécondation in vitro). Ces méthodes consistent à insérer dans l’appareil génital féminin fonctionnel les gamètes ou embryons manquants pour permettre la conception.
En février 2021, une première greffe d’utérus a été réalisée en France, ce qui a permis à une femme de donner naissance à deux petites filles. Cela ouvre une nouvelle voie pour les femmes qui sont nées sans utérus ou qui ont subi une ablation de l’utérus, mais il convient de noter que cette technique est encore expérimentale et qu’elle comporte des risques.