D’après la conférence du Pr Kawtar ZOUHAIR, Professeur en dermatologie, présentée lors de la 15ème édition du salon Officine Plus le 20 septembre 2025 à Casablanca, en partenariat avec le laboratoire ISIS PHARMA.
L’acné reste l’une des affections dermatologiques les plus fréquentes et les plus mal comprises par le grand public. Pourtant, sa prise en charge a considérablement évolué au fil des années, tant sur le plan physiopathologique que thérapeutique.
Lors du salon Officine Plus 2025, Pr Kawtar ZOUHAIR a proposé une lecture complète et actualisée de l’acné, mettant en lumière les nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques, ainsi que le rôle central du pharmacien dans le suivi des patients.

Comprendre la physiopathologie de l’acné
L’acné est une maladie inflammatoire chronique du follicule pilo-sébacé. Elle résulte de l’interaction de quatre mécanismes principaux : l’hyperséborrhée, l’hyperkératinisation du canal folliculaire, la prolifération de Cutibacterium acnes et l’inflammation locale. Selon Pr Zouhair, comprendre ces mécanismes est essentiel pour proposer un traitement adapté et personnalisé.
L’hyperséborrhée est favorisée par la stimulation hormonale, notamment les androgènes, qui augmentent la production de sébum. Le sébum devient alors plus épais et obstrue le canal pilo-sébacé, créant un terrain propice à la prolifération bactérienne. Cutibacterium acnes, en se multipliant, libère des médiateurs pro-inflammatoires responsables des lésions inflammatoires typiques.
Les facteurs déclenchants sont multiples : prédisposition génétique, variations hormonales, stress, environnement, ou encore certains médicaments. L’alimentation joue également un rôle, notamment les aliments à indice glycémique élevé et les produits laitiers riches en hormones de croissance.
Les types d’acné et le diagnostic différentiel
Pr Zouhair distingue plusieurs formes cliniques d’acné selon la nature des lésions : l’acné rétentionnelle (comédons fermés et ouverts), l’acné inflammatoire (papules, pustules, nodules) et les formes mixtes. La gravité est évaluée selon le nombre et la profondeur des lésions.
L’acné de l’adolescent est souvent transitoire, tandis que l’acné de l’adulte, plus fréquente chez la femme, est parfois liée à des désordres hormonaux ou à des soins cosmétiques inadaptés. Un diagnostic différentiel doit toujours être envisagé, notamment avec la rosacée, la folliculite ou certaines dermatoses médicamenteuses.
Prise en charge thérapeutique : du local au systémique
Le traitement de l’acné dépend du type et de la sévérité des lésions. La stratégie repose sur une combinaison raisonnée de traitements topiques et systémiques.
Les traitements topiques
Les rétinoïdes topiques (adapalène, trétinoïne) constituent la pierre angulaire du traitement local. Ils normalisent la kératinisation et préviennent la formation des comédons. Les associations avec le peroxyde de benzoyle ou des antibiotiques locaux (clindamycine, érythromycine) sont efficaces sur les formes inflammatoires légères à modérées.
Les traitements systémiques
En cas d’acné modérée à sévère, le recours à un traitement systémique est justifié. Les antibiotiques oraux (doxycycline, lymécycline) sont prescrits pour leur action anti-inflammatoire. L’isotrétinoïne, traitement de référence pour les formes sévères et résistantes, agit sur tous les mécanismes physiopathologiques. Cependant, elle nécessite une surveillance rigoureuse, notamment sur le plan hépatique et lipidique, ainsi qu’une contraception obligatoire chez la femme.
Les anti-androgènes, tels que l’acétate de cyprotérone associé à l’éthinylestradiol, peuvent être indiqués chez la femme présentant des signes d’hyperandrogénie. Pr Zouhair insiste sur l’importance d’un suivi médical régulier et de la coordination entre dermatologue et pharmacien.
Conseils dermocosmétiques et rôle du pharmacien
Le pharmacien joue un rôle essentiel dans la prise en charge globale de l’acné. Au-delà de la délivrance des traitements, il assure le conseil dermocosmétique et le suivi de l’observance.
Les produits nettoyants doivent être doux, sans savon, et formulés pour les peaux à tendance acnéique. Les soins hydratants non comédogènes aident à restaurer la barrière cutanée souvent altérée par les traitements. Le maquillage doit être léger et non occlusif. Le pharmacien doit également sensibiliser le patient à l’importance de ne pas manipuler les lésions, et à l’utilisation d’une photoprotection adaptée.
Enfin, il peut accompagner le patient dans la durée, en ajustant les soins selon l’évolution, et en identifiant les facteurs aggravants éventuels. Son rôle pédagogique est déterminant dans la réussite thérapeutique et la prévention des rechutes.
Conclusion
L’acné est une affection multifactorielle dont la compréhension fine permet une prise en charge plus personnalisée. La conférence du Pr Kawtar Zouhair rappelle l’importance du rôle du pharmacien dans la continuité des soins, entre la prescription médicale, le conseil dermocosmétique et le suivi patient. Grâce à une approche globale et concertée, il devient un véritable acteur de la santé cutanée.
À retenir pour l’officine
- • L’acné résulte de l’interaction entre hyperséborrhée, kératinisation, inflammation et Cutibacterium acnes.
- • La prise en charge combine traitements topiques, systémiques et conseils dermocosmétiques.
- • Les rétinoïdes restent le pilier du traitement local, l’isotrétinoïne celui du traitement systémique.
- • Le pharmacien joue un rôle clé dans le suivi, l’éducation thérapeutique et la prévention des rechutes.
- • Un accompagnement global et individualisé améliore l’adhésion du patient et les résultats à long terme.
