Récemment, l’Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a ravivé les inquiétudes concernant l’octocrylène, un filtre UV chimique couramment utilisé dans les crèmes solaires et autres cosmétiques dotés d’un facteur de protection solaire (SPF). Ces préoccupations ne sont pas nouvelles, puisqu’une étude franco-américaine publiée en 2021 dans Chemical Research in Toxicology avait déjà révélé que l’octocrylène se transformait avec le temps en une molécule génotoxique, cancérigène et perturbatrice du système endocrinien.
Des Inquiétudes Découvertes en 2021
L’octocrylène, un composé organique, est utilisé pour absorber les rayons UVA et UVB, ce qui en fait un filtre UV couramment intégré dans des crèmes solaires pour adultes et enfants, ainsi que dans d’autres produits cosmétiques comme des crèmes anti-âge et des baumes à lèvres. L’étude de 2021 a suivi la dégradation de l’octocrylène dans 17 produits, incluant des crèmes solaires et des cosmétiques achetés en France et aux États-Unis. Les chercheurs avaient des soupçons quant à la présence potentielle de benzophénone, une molécule reconnue pour ses effets perturbateurs endocriniens et son impact nocif sur les coraux.
Les scientifiques ont confirmé que les produits testés contenant de l’octocrylène étaient contaminés par le benzophénone. L’évaluation de cette contamination a été réalisée avant et après un protocole standard de six semaines, approuvé par la FDA, visant à mesurer la dégradation des produits dans le temps. La teneur moyenne en benzophénone dans les 17 produits après les six semaines était de 75 mg/kg, contre 39 mg/kg au départ. Les cosmétiques ne renfermant pas d’octocrylène dans leur composition n’étaient pas contaminés par le benzophénone à la fin du protocole, suggérant que cette contamination résultait de la dégradation de l’octocrylène. Selon l’étude, jusqu’à 70 % du benzophénone présent dans les produits pourrait être absorbé par la peau, avec un potentiel de perturbation endocrinienne et de déclenchement d’allergies.
Renforcement de la Réglementation en Europe
En juillet 2022, la Commission européenne a renforcé la réglementation concernant la présence d’octocrylène et de benzophénone dans les cosmétiques. Elle a établi que les crèmes pour les mains, le visage et les rouges à lèvres ne représentaient pas de risque pour la santé humaine si la concentration de benzophénone ne dépassait pas 6 % ; la limite était fixée à 2,2 % pour les crèmes corporelles, les sprays et les aérosols. En ce qui concerne l’octocrylène, sa concentration ne devait pas excéder 9 %.
Les produits contenant de l’octocrylène et de la benzophénone peuvent être trouvés dans des établissements grand public ou en parapharmacie, souvent identifiés par les mentions “octocrylène” et “benzophénone-3” dans la liste des ingrédients. Toutefois, il est possible de trouver des alternatives sans ces molécules controversées. Les crèmes solaires, qu’elles soient chimiques ou minérales, demeurent essentielles pour se protéger des rayons UVA et UVB, ainsi que des problèmes de santé associés, tels que les coups de soleil et le cancer de la peau.